Sur les autres mondes, Lucien Rudaux, 1937

Larousse


Ce célèbre livre de Lucien Rudaux n’est évidemment pas un livre d’astronautique, bien plutôt une synthèse des connaissances en matière d’astronomie du système solaire, avec de magnifiques dessins de Lucien Rudaux lui-même. Mais la conclusion de cet ouvrage intéressera tout amateur d’exploration spatiale, et nous avons plaisir à la publier ici.


« Pouvoir quitter la Terre pour se lancer à travers l’espace, afin d’aborder sur la Lune ou les autres planètes, est une perspective passionnante à tous égards. Cette possibilité de navigation interplanétaire, ou astronautique, pour employer le terme moderne, a suscité au cours des siècles passés les plus fantaisistes et les plus curieux projets. Problème ardu, en raison des difficultés matérielles; son principe consiste à animer un engin d’une force propulsive susceptible de vaincre d’abord l’attraction terrestre, puis de se conserver pendant le temps nécessaire à franchir les effrayantes distances qu’il faut considérer.

Pour obtenir un tel résultat on doit abandonner toute idée de projeter le « véhicule » hors de l’atmosphère terrestre. Le seul mode rationnel est la propulsion par les propres moyens de l’engin lui-même; cette propulsion étant provoquée, et surtout entretenue, par une force de réaction comme dans le cas de la classique fusée d’artifice.

De nombreux savants et physiciens : Esnault-Pelterie, Goddard, Oberth et bien d’autres encore, ont étudié et continuent à étudier le côté théorique de la question, concurremment avec diverses techniques. On a pu déterminer avec précision ce qui doit être réalisé en tant que force et vitesse pour parvenir à la Lune ou à une planète; mais l’élément principal fait encore défaut : la source même de l’énergie nécessaire; et rien de ce qui est actuellement connu ne peut y prétendre. (…)

Est-ce à dire qu’il faut désespérer de voir un tel projet réalisé dans l’avenir ? Gardons-nous d’être trop pessimistes. Car l’homme n’a pas fait toutes les preuves de son génie, et son audace est sans borne… » Lucien Rudaux, 1937